Offensive orageuse des 25 et 26 mai 2009 (2)

Déroulement de l'évènement - De l'avant-garde au paroxysme

Le 25 mai en matinée, un premier MCS né dans la nuit concerne la Normandie et se déplace lentement vers l'est-nord-est. A partir de 9h00, ce dernier se désagrège, exception faite de sa partie sud-est qui, toujours alimentée en air chaud et humide, subsiste. A son approche de la Belgique, le système bénéficie de conditions de cisaillement de vent favorables, et se renforce à nouveau en un puissant orage multicellulaire à partir de 12h30.

A partir de 13h00, l'orage développe d'importantes chutes de grêle sur la zone frontalière, aussi bien côté belge (notamment sur la commune de Viroinval) que côté français. Par endroits, les grêlons ont la taille d'un oeuf de pigeon, et causent d'importants dégâts aux toitures. L'activité électrique devient elle-aussi très importante, et couvre une grande partie de l'Entre-Sambre-et-Meuse. La partie sud-est du complexe présente de très fortes intensité de précipitations (supérieures à 100 mm/h).

Dans l'heure qui suit, l'orage traverse la vallée de la Meuse et faiblit, les chutes de grêle perdent par la même occasion de leur force. Par contre, l'activité électrique reste intense, avec plus de 1000 impacts par quart d'heure.

Evolution de l'orage multicellulaire de l'après-midi du 25 mai au-dessus de l'Entre-Sambre-et-Meuse. Au nord de celui-ci, les nuages cirriformes proviennent de la vaste enclume désagrégée du MCS normand, et sont responsables du temps nuageux qui concernait la Belgique en matinée.

L'orage poursuit sa route à travers l'Ardenne puis les Hautes-Fagnes, avant de se démanteler peu après son entrée en Allemagne. Pendant ce temps, d'autres cellules orageuses s'activent sur l'ouest de la France, à l'approche d'un front froid atlantique. La convection démarre réellement à partir de 14h00 - 15h00. Certains de ces orages sont déjà fort intenses.

Vers 18h00, une ligne d'orages traverse l'ouest du département du Nord, et déborde ensuite sur le Westhoek belge, accompagnée d'une activité électrique modérée à assez forte. Vingt minutes plus tard, elle gagne la mer et s'éloigne vers le nord. Ce sont des orages préfrontaux. Immdédiatement derrière, une nouvelle ligne d'orages plus intense que la première se forme le long de la frontière française, au sud-est d'un vaste orage multicellulaire centré sur la région de Canterbury, au Royaume-Uni, et balaye une région allant de La Panne à Lille à partir de 19h30. Elle traverse la quasi-totalité de la Flandre occidentale dans l'heure suivante, accompagnée de fortes pluies et d'une activité électrique à nouveau assez soutenue.

Tandis que la ligne orageuse flamande quitte la Belgique par le Zwin, de puissantes cellules commencent à apparaître à partir de 21h00 sur le nord-ouest de l'île de France, quatre d'entre elles sont identifiées comme étant des supercellules. Une de ces supercellules apparue sur Beauvais se dirige vers le département du Nord en délivrant de très gros grêlons sur son passage. En arrivant sur le département du Nord peu après 23h00, elle subit une phase d'intensification rapide, et donne des chutes de grêlons géants sur la région de Cambrai. Certains d'entre eux dépassent les 10 cm de diamètre (cellule en rouge-mauve sur l'image ci-dessous). Quelques autres foyers plus faibles concernent à nouveau la Flandre occidentale.

Au même moment, le front froid en provenance de l'Atlantique arrive à proximité de la zone de CAPE élevé qui s'étale sur le nord de la France et la Belgique, rendant la masse d'air encore plus instable qu'elle ne l'était déjà. Une petite dépression présente sur l'Ile de France et remontant rapidement vers le nord vient s'ajouter au cocktail. Au devant du front, un creux thermique apparaît sur le nord de la France et la région parisienne, et se déplace rapidement vers le nord-nord-est. Par la même occasion, les cisaillements de vents augmentent...

En réponse à ce phasage parfait, une multitude de cellules orageuses puissantes apparaît sur la Picardie, tandis qu'un autre groupe se forme juste au sud de Paris. A minuit le 26, deux MCS sont facilement identifiables:

A partir de minuit, le creux accélère sa course vers la Belgique, le MCS parisien prend de l'ampleur au profit du MCS lillois, le premier rattrapant le second vers 2h00 du matin, juste au-dessus de la province du Hainaut.

Carte Hirlam du 26 mai à 0h00 T.U. Le creux (plume rouge) entre en Belgique.

En moins d'une heure, l'orage traverse la Wallonie, touchant au passage la région de Charleroi vers 2h30, accompagné de grêle, d'une violente activité électrique et de puissantes rafales de vent, certaines atteignent même 120 km/h par endroits, deux tornades sont suspectées dans le Nord-Pas-de-Calais: une à Marchienne et l'autre à Paillencourt. Une supercellule est identifiée sur la région de Renaix (tache rouge au nord-est de Lille sur l'image ci-dessous):

A 3h00, la ligne d'orages atteint Bruxelles, sans n'avoir rien perdu de sa force, et continue son trajet en Flandre sur un front long d'environ 100 km, avant de quitter le pays par la province d'Anvers vers 3h45, la partie est du système étant en perte de souffle, la longeur du front est réduit à 50 km peu après 4h00.

Le MCS subsistera encore plusieurs heures par après, il gagnera même en virulence à l'aube sur le nord des Pays-Bas, avant de prendre la route de l'Allemagne et du Danemark, pour y aller alimenter d'autres orages en cours d'après-midi.

 

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